07/08/2008
Comment lire un recueil de nouvelles en classe ?
Si les éditeurs francophones détestent publier des recueils de nouvelles (ils croient toujours que ça ne se vend pas alors que ça se vend juste aussi bien que du roman, c'est juste une question de savoir-faire et de patience; un roman tout le monde sait ce dont il s'agit, un recueil de nouvelles c'est moins courant, du coup on imagine que ça va être moins bien alors que, pour le lecteur curieux, le plaisir est parfois bien plus intense qu'avec la plupart des romans ennuyeux que les éditeurs accueillent à bras ouverts), les profs, eux adorent les donner à lire.
Mais pourquoi les enseignants aiment-ils tant les nouvelles ? Pour des tas de bonnes raisons.
D'abord, parce qu'une nouvelle, ça se lit bien à voix haute en classe. C'est beaucoup mieux qu'un extrait de roman parce que c'est complet, rapide, efficace. Ça démarre au quart de tour et ça n'épuise ni le lecteur ni ses auditeurs. Un quart d'heure de lecture et c'est joué. Oui, joué, comme un jeu, pas comme un devoir, c'est important aussi, ça... Et, aux yeux du prof, c'est capital, on est assuré que tout le monde a bien lu. Pas besoin de faire une interro pour vérifier que personne n'a sauté des pages. Un texte lu en classe est fatalement lu par tous.
Ensuite, parce que dans un recueil chaque élève pourra trouver l'un ou l'autre texte à son goût. C'est difficile de trouver un roman qui plaît à tous les élèves (pire que difficile, ça contraint surtout à ne donner à lire que des romans raccoleurs et faciles, dont je tairai les noms ici, qui trônent au sommet des ventes et s'éventent sur les plages d'été). Par contre, dans un recueil, il est normal de préférer un texte à un autre. C'est une excellente base de débat et de critique littéraire, d'ailleurs : expliquer aux autres élèves pour quelle raison on préfère tel texte à tel autre.
Enfin, parce que les nouvelles se photocopient facilement et que les profs, en Belgique, adorent photocopier des textes pour les distribuer.
Enfin, parce qu'un seul recueil de nouvelles peut servir de départ à de nombreux travaux, où l'élève aura le choix.
De mémoire, je me souviens des exercices suivants :
- choisir sa nouvelle préférée et explique pourquoi (par écrit ou en débat oral, qui peut se transformer en jury littéraire, avec des votes pour décerner un prix);
- prendre une des nouvelles (au choix, donc) et dessiner une couverture pour le livre ou une illustration pour le texte;
- écrire la quatrième de couverture d'une seule des nouvelles;
- trouver une autre fin pour une des nouvelles ou poursuivre l'histoire un peu plus loin;
- chercher des points communes entre les textes (dans le style, les métaphores, l'univers, l'avancée du récit...);
- réécire une des nouvelles en changeant de point de vue ou de personnage...
J'imagine qu'il y en a encore bien d'autres. A vous de jouer.
Et puis, pour terminer, bonne nouvelle, après "Nous sommes tous des playmobiles", mon premier recueil "Les ours n'ont pas de problème de parking" va être également réédité en poche chez Pocket. C'est pour 2009. D'ici là, armez-vous de patience ou écrivez-moi si vous cherchez des exemplaires pour travailler en classe, le recueil n'est plus disponible ne librairie.
18:07 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : enseignement, ecole, littérature, cours de français, nicolas ancion, nouvelles | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
Commentaires
(j'atterris ici en venant de chez GF)
Autre utilisation des nouvelles usitée par des profs : Donner le texte, sauf les dernières lignes [ là il faut photocopier (!) et choisir une nouvelle "à chute"], étudier ou lire comme on veut, et demander aux élèves de rédiger une fin.
Surprises garanties quand on leur donne la "vraie " fin.
Écrit par : keisha | 11/08/2008
Ce qui marche bien aussi avec cet exercice, c'est de demander aux élèves de terminer la nouvelle en devoir à la maison. Le prof lit ensuite une sélection des meilleures fins et glisse celle de l'auteur dedans. Les élèves doivent choisir celle qui, à leur avis, est la version originale. Même si on ne lit pas toutes les fins (pour gagner du temps), tout le monde participe.
Je sais que l'exercice a été fait avec "L'échappée belle" dans "Nous sommes tous des playmobiles" et un élève avait trouvé un chute du même registre que la mienne et tous es autres élèves se sont foutus de lui en lui disant qu'il était tordu et obsédé. C'est rassurant, hein?
Écrit par : Nicolas Ancion | 12/08/2008
Cela faisait longtemps que je ne passais plus par ici...
J'étais un de vos fervents lecteurs au temps où vous publiez des nouvelles épisodiques sur le site de Luc Pire. Oui ça fait longtemps !
J’ai évidemment lu « Quatrième étage » pour me ruer ensuite sur « Les ours n’ont pas de problème de parking ».
Je regrette d’être trop vieux (je n’ai que 29 ans) pour recevoir une de vos visite en classe. Visitez-vous les lieux de travail ? ;-)
J’ai toujours apprécié votre façon d’écrire et j’admire votre parcours.
Je vous souhaite bonne continuation.
Un petit liégeois.
Sam
Écrit par : Sam | 12/08/2008
Bonjour Sam,
Voilà un commentaire qui fait énormément plaisir. Je garde toujours en tête l'idée d'écrire la fin de "Villers-la-Tombe", que j'ai commencé à publier en feuilleton, mais ce n'est pas encore bouclé en ce moment...
Merci pour ces gentils compliments. Bonne lecture!
Nicolas
Écrit par : Nicolas Ancion | 12/08/2008
Bonjour Nicolas,
Cela fait plaisir aussi de savoir qu'il y a aura une suite et une fin à "Villers-la-Tombe".
Ce que j'aime d'ailleurs chez vous, c'est votre proximité avec vos lecteurs. Le fait d'avoir un blog, un site et de visiter les étudiants par exemple, vous rapproche de ceux qui vous lisent.
Ceci donne une autre dimension à nos lectures et c'est beaucoup plus plaisant.
J'espère aussi un jour vous rencontrer et vous parler de la façon dont je perçois vos personnages. Je sais que c'est toujours intéressant pour un écrivain de savoir comment ces âmes d'encre vivent à travers d'autres yeux.
Encore bonne continuation,
Sam
Écrit par : Sam | 12/08/2008
alut, Sam! J'ai aimé vos exercices et je suis prêt à leur offrir leurs élèves, les étudiants dans une expérience. otpishu ont passé la prochaine fois!
Écrit par : man health | 25/11/2008
Man Health? Encore un Vénusien fraîchement débarqué d'Aldebaran qui a étudié le français dans une méthode Assimil dont la moitié des pages avaient été dématérialisée au cours du transfert intersidéral.
Écrit par : Nicolas Ancion | 25/11/2008
mes élèves ont aimé les histoires courtes - il n'était pas nécessaire d'imaginer un régime spécial pour les lire
Écrit par : olivia | 01/03/2011
Oh, Olivia est encore une spammeuse, plus discrète que les autres...
Écrit par : Nicolas Ancion | 01/03/2011
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